10 ■ Rencontres

midilibre.fr
dimanche 8 avril 2018


À Goutrens, le musée
Nos Campagnes autrefois »
‘ait revivre le monde paysan
entre 1880 et 1950.

Une ancienne bergerie,
sur 750 m\ au cœur
d’une exploitation
agricole au lieu-dit La
Palairie, à un jet de
pierre du village de Goutrens (2 km
tout au plus). C’est là que Guy Gi-
nestet a, depuis 2012, laissé libre
cours à sa passion. Sa passion du
passé. Du passé paysan. Un passé
lue lui et sa sœur, Reine Combette,
ont d’abord fait revivre à deux,
avant d’être très vite rejoints par
d’autres passionnés qui composent
aujourd’hui une association de pres-
que 50 personnes.

C'est donc dans l’ancienne bergerie
de Guy Ginestet, agriculteur retraité
de 69 ans, qu’a pris place le musée
Vos campagnes autrefois. Un mu-
rée qui renferme plus de 2 000 ob-
éis en lien avec la vie à la campagne
mtre 1880 à 1950, sachant que les
innées 50 furent le point de départ
le la mécanisation et de l’automa-
isation du travail à la ferme.

< L’ère moderne

n'a rien inventé »

Pour en arriver à proposer un tel
chantillon représentatif des
campa-
gnes autrefois,
Guy Ginestet a par-
couru la France en long, en large
;t en travers. Des quatre coins du
pays, mais aussi de la proche, voire
de la très proche région puisqu’il a
puisé dans ses racines familiales, il
a ramené des outils, ustensiles ou
objets rares, souvent oubliés. Parmi
ces pièces, toutes originales, en bots,
an fer, en cuivre, en fer-blanc, pa-
tiemment remises en-état pour être

mises en scène au sein du musée, on
pourrait citer, au hasard, une bat-
teuse de 1930 ; un croque-paille de
1900 ; une sulfateuse pour pom-
mes de terre, sans âge, venant de
Rieupeyroux ; un égrenoir à maïs ;
un torréfacteur de 1937 (seul engin
électrique du musée) ; une pince à
épiler pour enlever les poils longs
des cochons, qui pouvaient servir
à la fabrication des blaireaux par
exemple ; l’ancêtre du stérilisateur
à conserves...

« L’ère moderne n’a rien inventé, se
plaît à répéter Guy Ginestet avec
enthousiasme.
L’ère moderne a
modernisé ce que les anciens
avaient déjà inventé, c’est tout. »
Dans ce musée, on trouve aussi des
attelages, nombreux ; une pompe
à incendie à bras ; des centaines
d’outils représentant tous les mé-
tiers, que l’on parle de la fenaison,
des travaux des champs, des récol-
tes, des transports. On y croise éga-
lement des cannes-épées ; des
vraies-fausses saucisses sèches pen-
dant aux poutres de la maison ; un
landau de 1880 ; des meubles d’in-
térieur garnis de bouteilles d’alcool
et une table familiale avec ses ti-
roirs (un tiroir pour chaque con-
vive, sachant que chacun rangeait
son assiette et ses couverts dans son
tiroir une fois le repas terminé, sans
forcément passer par la case vais-
selle). ..

Pour donner un peu de vie à l’en-
semble, Guy Ginestet et ses cama-
rades se sont également attachés à
reconstituer des scènes d’autrefois.
Dans la volonté de
« faire découvrir
et de faire revivre des métiers du
passé, la vie du paysan et sa fa-
mille »,
de multiples tableaux ont
été réalisés, mettant en avant la cave,
la forge, l’étable, le cordier, le me-

nuisier, le labour, le sabotier, la
basse-cour, la cuisine, la chambre,
le bistrot, l’épicerie du coin, l’école,
la mairie, le mariage, l’enterre-
ment. ..

Guy Ginestet n’a compté
ni son temps, ni son argent

Pour ce faire, plus d’une cinquan-
taine de figurines d’animaux et de
personnages, grandeur nature, ont
été faits maison à partir de petits
rondins de fer soudés, de grillage, de
papier enduit et collé, avant d’être
harnachés ou habillés de tenues
d’époque. Quelques bandes son,
en occitan pour les discussions, et
autres éclairages activés à la de-
mande apportent encore un peu plus
de vérité à ces scènes d’un autre
temps.

Pour partager sa passion des cam-
pagnes autrefois,
Guy Ginestet n’a
compté ni son temps, ni son argent
Car outre les heures passées à bâtir
son musée, de jour comme de nuit,
parmi les pièces exposées, certai-
nes lui ont coûté cher, sans parler
du transport des plus volumineu-
ses, comme la batteuse, qu’il a fallu
acheminer depuis la Haute-Loire.
Ce qui ne l’a pas empêché de faire
don de l’ensemble à l’association
qui gère désormais les lieux.

« Ce que Guy a fait et ce qu ’il fait
encore aujourd’hui est remarqua-
ble »,
soulignent avec sincérité ceux
qui l’accompagnent dans cette
aventure au départ assez improba-
ble. Une aventure qui attire envi-
ron 800 visiteurs par an et dont les
protagonistes espèrent voir un jour
ce nombre atteindre le millier. Ce
qui ne serait qu’une juste récom-
pense et un juste hommage ainsi
rendu aux
campagnes autrefois.

FRANÇOIS CAYLA

Nos Campagnes autrefois ont des projets


Le musée Nos Campagnes autre-
fois
n’est pas figé. Il se veut même
évolutif. Si les 750 m2 d’exposi-
tion couverte, dans l’ancienne
bergerie de La Palairie, ne con-
naissent pas de grands chambou-
lements, Guy Ginestet et les che-
villes ouvrières de l’association
qui font vivre l’endroit s’attaquent
désormais aux abords extérieurs.
Ainsi, une cazelle tout en pierre,
dont les originaux servaient à abri-
ter les bergers, a été élevée sur le
terrain qui jouxte le musée. Et
des projets d’aménagement d’un
puits et d’un four d’époque sont
en gestation et pourraient se con-
crétiser assez rapidement

D’un point de vue pratique, le
musée est ouvert toute l’année
sur demande, sur simple appel
téléphonique. Sinon, il est acces-
sible tous les jours, de 14 heures
à 19 heures, à partir du 15 juin
et jusqu’au 5 septembre, ainsi que
les samedis, dimanches et jours
fériés en avril et mai, du 1er au
15 juin, du i 5 au 30 septembre et
en octobre. Tarife : adultes : 5 € ;
enfants de moins de 12 ans et
scolaires : gratuit Tarif réduit
pour les groupes. Repas et goûter
à l’ancienne sont proposés pour
les groupes sur réservation.
Contact : ginestet_guy@orange.fr :
0682226671.